Le point de départ de cette exposition réside dans la tradition typiquement chinoise de la collecte de pierres. Les lettrés chinois avaient l’habitude de ramasser des pierres ou des rochers, de préférence ceux érodés par le temps ou les éléments naturels, afin de décorer leurs jardins ou leurs ateliers. Associées à l’eau, les roches, qui symbolisent la montagne, deviennent des reproductions miniatures de la nature. Le résultat agit comme une source d’évasion du quotidien, contribuant au confort esthétique et à l’enrichissement spirituel.
Cette tradition trouve un écho lointain dans les cabinets de curiosités, collections miniatures d’objets naturels et artificiels qui reflètent le monde. Une pratique érudite et esthétique qui a débuté à la Renaissance et qui a marqué le pas en avant de l’humanité vers une classification et une appréhension plus scientifiques du monde.
Tel un jardin d’érudit ou un cabinet de curiosités contemporain, l’exposition explore le lien entre nature et artifice et questionne cette convergence est-ouest : sculptures hybrides faites de pierres naturelles et de matériaux composites, performances dans des paysages naturels pour créer des montages photographiques illusionnistes ou des formes créées par les mains de la nature aux côtés de l’artiste, expériences chimiques dans la chambre noire de la matière minérale elle-même ?
Les artistes de « ROCKS ! » interrogent nos perceptions et évoquent le mystère des pierres. Car, par-delà de leur forme figée et immobile, ces pierres imprégnées des mouvements du monde sont les résultats de sédimentations successives et les témoins de temps abyssaux remontant à des millions ou des milliards d’années.
« ROCKS ! » a fait partie de la programmation « À Paris pendant la FIAC ».
Remerciements : Backslash Gallery (Paris), LOFT Gallery, RVB Books.
Zhan Wang
Zhan Wang est né en 1962 à Pékin, où il vit et travaille. Formé dès son plus jeune âge à la peinture et au dessin par son grand-père et son oncle, il se spécialise ensuite dans la sculpture lors de ses études à l’Académie Centrale des Beaux-Arts de Chine (CAFA).
Dans sa série de 1990, Sidewalk, Zhan Wang tente de rompre avec la tradition sculpturale consistant à ne représenter que des figures religieuses ou héroïques, en choisissant des personnes anonymes comme sujet et la résine comme support plutôt que le bronze et le marbre traditionnels. Il a recouvert ces sculptures grandeur nature de vrais vêtements, avant de les peindre. Cette série est considérée comme le point de départ du courant de la sculpture hyper-réaliste en Chine.
En 1994, Zhan Wang commence à expérimenter avec la sculpture conceptuelle dans sa série Free and Natural Space, des modelages de costumes Mao dans des postures contorsionnées, sans corps. La même idée de « coquille » évidée préside à sa série la plus connue, Artificial Rock. Zhan Wang martèle, plie, chauffe et moule minutieusement des plaques d’acier inoxydable sur des pierres traditionnelles de lettrés, puis retire la « peau » par sections qu’il soude ensemble pour créer une copie froide et creuse de la roche, dont la surface reflète le monde industrialisé.
Artificial Rock est la première sculpture contemporaine chinoise collectionnée par le Metropolitan Museum. Du British Museum (Londres) au LACMA (Los Angeles) et au Mori Art Museum (Tokyo), Zhan Wang a été exposé internationalement. Il est représenté en France par la galerie Loft (Paris).
Jonathan Bréchignac
Jonathan Bréchignac est né en 1985 en Provence, il vit et travaille à Paris. Il a étudié le design graphique à Marseille et il est diplômé de l’École de Recherche Graphique ERG (Bruxelles).
Algues bioluminescentes, scarabées irisés, réfractions lumineuses, pierres mouvantes, le travail de Jonathan Bréchignac prend comme point de départ ces phénomènes naturels qui malgré les explications scientifiques gardent un pouvoir de fascination intact. Sa pratique interdisciplinaire mêle sculpture, installation et peinture. L’exploration de la matière occupe une place importante dans ses travaux qui empruntent des codes et des protocoles issus de la science (collecte d’échantillons, expériences et matériels de laboratoire…).
En recréant du «vivant» à partir de matériaux synthétiques mis en scène à l’aide de nouvelles technologies, Jonathan Bréchignac crée une poétique de la fascination : Il questionne la frontière entre artificiel et naturel ainsi que le rapport de notre époque au vivant. Dans son travail, l’invocation de mythes populaires, théories scientifiques et ésotériques troublent les frontières entre fiction et réel. Il pointe les limites de notre capacité à comprendre le monde dévoilant ainsi les processus par lesquels la croyance émerge.
En 2021, Jonathan Bréchignac est lauréat du prix Art of Change 21 prize, parrainé par Ruinart. Son travail a été exposé à Chapelle XIV et par la galerie Guido Romero Pierini.
Charlotte Charbonnel
Charlotte Charbonnel est née en 1980, elle vit et travaille à Paris. Après un séjour de trois mois en Inde à la Sanskriti Kendra Foundation en 2003, elle sort diplômée de l’École supérieure des Beaux-Arts de Tours (2004) et de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs (2008).
Charlotte Charbonnel pousse la matière à former sa propre illusion à travers des installations et des sculptures. Elle sonde notre environnement pour en faire émerger les forces naturelles et nous en faire ressentir le flux. A l’écoute du monde, elle explore et transmet la vibration acoustique des lieux où elle est invitée à exposer. Sa pratique multidisciplinaire est liée à l’espace et se nourrit de « sciences », de collaborations et d’investigations de différents domaines et disciplines.
Nommée “Woman to Watch” en 2018 par le Washington’s National Museum of Women in the Arts, (D.C.), elle a exposé dans différentes institutions dont Le Centre d’art contemporain la Maréchalerie de Versailles, la Verrière Hermès de Bruxelles, le musée Réattu en Arles, le Domaine de Chamarande en Essonne, le Palais de Tokyo à Paris, le MAC VAL à Vitry-sur-Seine ou encore récemment à l’Abbaye de Maubuisson à Saint Ouen l’Aumône et au Creux de l’enfer à Thiers.
Son travail est présent dans plusieurs collections publiques et privées et a bénéficié de nombreuses aides à la création. Plusieurs catalogues d’exposition ont été publiés ainsi qu’une monographie A07-A17 de son travail, diffusée aux presses du réel. Elle est représentée par la galerie Backslash (Paris).
Noémie Goudal
Noémie Goudal est née en 1984 à Paris, où elle vit et travaille. Elle est diplômée du Royal College of Arts et de la St Martins School à Londres.
Noémie Goudal examine le potentiel de l’image dans son ensemble à travers films, photographies et installations, reconstruisant ses strates et possibilités d’extension. Oscillant entre réalité et invention, ses images présentent des installations de grande envergure dans des espaces naturels qui renouvellent la notion même de paysage dans notre société contemporaine.
En 2018, elle effectue une résidence à la Richard Neutra House à Los Angeles, et est actuellement en résidence à la Manufacture de Sèvres, en Île de France. Plusieurs expositions personnelles de Noémie Goudal ont eu lieu en 2021 : Post Atlantica au Centre d’Art Le Grand Café (Saint Nazaire), une carte blanche au Musée Delacroix dans le cadre du festival PhotoSaintGermain (Paris) et à la fondation Lambert pendant le festival d’Avignon, une exposition à la Arendt House (Luxembourg), ainsi que des présentations solo aux foires Frieze London et Loop Barcelona. Noémie Goudal est représentée par la galerie Les filles du calvaire.
Elle a reçu le Prix HSBC en 2013 et le RCA Sustain Award en 2010.
Shao Wenhuan
Né en 1971 dans le Xinjiang (Chine), il vit et travaille à Hangzhou. Il a étudié à l’École Nationale d’Art de Dijon et il est diplômé de l’Académie des Beaux- Arts de Chine à Hangzhou, où il enseigne aujourd’hui.
Sa pratique mêle photographie et peinture pour créer des œuvres d’art métaphysiques inspirées par la nature.
Son travail a fait l’objet d’expositions en Chine (Musée de Wuhan, Shanghai Minsheng Art Museum, Musée de l’Académie des Beaux-Arts de Chine, Three Shadows Photography Art Centre notamment) et à l’étranger : MOPH de San Diego, San Francisco Art Institute (États- Unis), Folkwang Museum (Allemagne), Musée d’art de Lucerne (Suisse)… Ses œuvres ont intégré des collections prestigieuses comme la collection Uli Sigg.
Vue de l'exposition "ROCKS!", Espace culturel ICICLE, Paris.
Noémie Goudal, "Soulèvement II, IV, V", 2018. Vue de l'exposition "ROCKS!", Espace culturel ICICLE, Paris.
Jonathan Bréchignac, "Stone Balancings", 2020. Avec l’autorisation de l’artiste.
Charlotte Charbonnel, "Ambrolitotype III", 2019. Avec l’autorisation de l’artiste et de la galerie Backslash.
Vue de l'exposition "ROCKS!", Espace culturel ICICLE, Paris.
Vue d'exposition, "ROCKS! Cinq regards d’artistes contemporains sur le minéral", Espace culturel ICICLE, Paris.