Publié en France à la fin de 1981 et présenté au Centre Pompidou en 1982, “DOC(K)S. Les non-officiels. Art et poésie en Chine” est un numéro de la revue de poésie expérimentale DOC(K)S, créée et dirigée par le poète et performer Julien Blaine. A l’invitation du père de Victoria Jonathan, Philippe Jonathan (qui signe des textes et des images sous le pseudonyme de Ferdinand Godard), alors chercheur en architecture à l’université de Tsinghua, Julien Blaine s’était rendu deux mois en Chine à l’été 1981 à la rencontre d’artistes et de poètes tels que Ma Desheng, Huang Rui, Wang Keping, Bei Dao, Mang Ke…
Couverture de la revue DOC(K)S
Les rencontres "J.B.". Photographie de Julien Blaine. Page extraite de la revue DOC(K)S
Première rencontre internationale poétique de Yuan Ming Yuan Juillet 1981". Page extraite de la revue DOC(K)S
"Huang Rui, Autoportrait". Page extraite de la revue DOC(K)S
"Li Shuang, Portrait de Julien Blaine (haut), Collage récent (bas)" Page extraite de la revue DOC(K)S
"Album photo, Rock around Ma Desheng"Page extraite de la revue DOC(K)S
Vues de l’installation
Vue de l'exposition "Tout rebâtir à partir d'une coquille", 2024
Mêlant poèmes, dessins et photographies, archives inédites et récit autobiographique, “Tout rebâtir à partir d’une coquille” convoque la petite histoire dans la grande et réactive la mémoire d’un épisode oublié des relations entre artistes français et chinois, au moment où la Chine commençait tout juste à s’ouvrir au monde. L’installation consiste en une grande fresque reproduisant des photographies des “premières rencontres internationales de poésie-performance de Yuanmingyuan” créées par Julien Blaine et les artistes et poètes rencontrés à Pékin en 1981, sur laquelle sont affichés des extraits de textes et de poèmes en français et chinois tirés de la revue DOC(K)S, ainsi qu’en un scrapbook évoquant tout à la fois le carnet de voyage, l’album de famille et le journal intime.
Édifié à la périphérie de Pékin au XVIIe siècle par les empereurs Yongzheng et Qianlong selon des principes d’inspiration chinoise et européenne, à l’aide des jésuites Giuseppe Castiglione et Michel Benoist, le Jardin de la clarté parfaite (Yuanmingyuan) fut détruit par les troupes françaises et britanniques lors de la seconde guerre de l’opium en 1860. A la fin des années 70 et au début des années 80, les ruines de l’ancien Palais d’été des empereurs servirent de décor à la génération émergente d’artistes et de poètes. Sur les ruines du passé, composé à partir de souvenirs et d’un ouvrage tombé dans l’oubli, “Tout rebâtir à partir d’une coquille” (extrait du vers de Julien Blaine “Il faudra tout rebâtir à partir d’une coquille, seul vestige intact du palais”) ranime la mémoire des commencements de l’art contemporain chinois et interroge les notions de rupture historique, d’avant-garde artistique, d’espace public, et de transmission, pour nous rappeler la nécessité du dialogue avec l’autre par-delà les différences.
"Poèmes métaphysiques, poème n°45" par Julien Blaine. Page extraite de la revue DOC(K)S
"Frontière" de Bei Dao. Page extraite de DOC(K)S
"Frontière" de Bei Dao. Page extraite de DOC(K)S
"Automne" de Mang Ke. Page extraite de la revue DOC(K)S
"Automne" de Mang Ke. Page extraite de la revue DOC(K)S
"Les rencontres. Mang Ke". Page extraite de DOC(K)S
Biographies
Née à Paris en 1985, Victoria Jonathan est curatrice et co-fondatrice de Doors 门艺, une plateforme de curation, production et conseil artistique basée à Paris et Pékin. Elle a vécu plusieurs années en Chine, après avoir étudié la philosophie et la sinologie à Columbia University et La Sorbonne, collaboré avec le collectif d’art sonore new-yorkais Soundwalk et réalisé des documentaires sur les avant-gardes pékinoises (France Culture). Elle a co-dirigé le festival Jimei x Arles (créé en Chine par Les Rencontres d’Arles), où elle a fondé le premier prix pour les femmes photographes chinoises. En tant que commissaire, elle s’intéresse notamment aux questions liées à l’histoire et à la mémoire collective, à la représentation du paysage à l’heure de l’urgence écologique, aux liens entre formes vernaculaires et création contemporaine, avec une approche transnationale et transdisciplinaire nourrie par sa connaissance des scènes artistiques d’Asie, d’Europe et d’Afrique du Nord. En 2024, elle est rédactrice invitée de l’édition française de la revue d’art contemporain chinoise LEAP à l’occasion de l’exposition “目 Chine. Une nouvelle génération d’artistes au Centre Pompidou” à Paris (9 octobre 2024-3 février 2025).
Philippe Jonathan est un architecte français né en 1952. Il vit et travaille en Provence. Dans l’histoire des échanges avec la Chine, Philippe Jonathan occupe une place particulière : il a été l’un des premiers architectes à y étudier et y effectuer des missions professionnelles mêlant étroitement urbanisme, architecture et recherche. Diplômé de l’université de Tsinghua en 1982, il a mené de nombreux projets de coopération dans le domaine de l’urbanisme, notamment à Pékin et dans les régions du lac Tai (Suzhou) et du lac Liangzi (Wuhan). Il a enseigné à l’école nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais (Beaux-arts de Paris) et à l’école nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette. Son atelier d’architecture, installé dans une très belle carrière de pierre située dans le parc naturel régional du Luberon, conçoit des projets privés et des édifices publics, avec une expertise reconnue dans le domaine bio-climatique. Son goût pour les arts l’a amené à collaborer ou concevoir des espaces pour de nombreux créateurs, comme le metteur en scène français Antoine Vitez, l’acteur de cinéma italien Marcello Mastroianni, le créateur de mode japonais Irié ou le cinéaste israélien Amos Gitaï. La carrière accueille également des expositions et, chaque année, des rencontres philosophiques. jonathanarchitectes.com
Poète, performeur et artiste français, Julien Blaine est né à Rognac le 19 septembre 1942 sous le nom de Christian Poitevin. Dès la fin des années 1950, Julien Blaine s’impose comme l’un des poètes les plus prolifiques de sa génération. Il fonde en 1959 L’Éventail, son premier groupe de recherche poétique. Il traverse ensuite la seconde moitié du XXe siècle en participant à la création de divers avant-postes poétiques : poésies concrète, spatialiste, séméiotique, visuelle, sonore, élémentaire. Il s’ingénie chaque fois à renverser les canons stylistiques du genre, dont il défie les procédés scripturaux et déplace les frontières formelles, notamment par le biais de performances. Sa bibliographie abondante constitue en elle-même un dépassement du livre comme « résidu » et marchandise. Il s’inscrit aussi bien dans une critique esthétique et politique du signe, avec par exemple le Manifeste de Mai sous forme d’idéogrammes (1968), et une expérimentation des écritures originelles avec Les cahiers de la 5e feuille (2001-2008). Ses innombrables actions poétiques commencent sous la forme de performances en 1962 et s’achèvent en 2004 pour se métamorphoser ensuite en « déclar’actions » et autres Installation Humaine Anonyme Laissée Là par Inadvertance (2012).