Mon travail consiste à ajuster les distances entre moi et le monde, afin de rendre les existences lointaines presque accessibles. Les existences qui sont trop proches pour être vues sont rendues visibles à mesure que l’on s’en éloigne.
C’est peut-être une sorte de tradition d’exprimer des sentiments à travers des paysages en Chine, où les corps et l’aura des corps ont également été décrits comme des paysages. Les sentiments et les émotions sont profondément cachés et codés dans toutes sortes de paysages.
Ji Kang, talentueux artiste du IIIe siècle, a été décrit ainsi par ses amis :
« Il est fier et indépendant comme un pin isolé, mais lorsqu’il est ivre, il est comme une grande montagne de jade sur le point de s’écrouler. » « Il est comme le son du vent bruissant parmi les pins, haut et apaisant. »
J’essaie de capturer des choses qui ne peuvent pas être capturées. De capturer un sentiment de fluidité et d’écoulement. Lorsque nous parlons du corps, le corps n’est pas seulement le corps, c’est aussi un corps d’autres choses.
« Je est un autre ».
Les montagnes peuvent partir. Les marées, oui, la respiration…
Texte de Liu Shuwei
Liu Shuwei, «Pre-nebula», 2018
Liu Shuwei, «Torn apart», 2013
Liu Shuwei, «Yes, breathing», 2017
Liu Shuwei, «Into the night», 2018
Vues de l’exposition
Biographie
Liu Shuwei vit actuellement à Shanghai. Ingénieur de formation, il a obtenu son diplôme de la Guangdong University of Technology en 2009 et puis il a décidé de se consacrer à ce qu’il aimait vraiment : la photographie et l’écriture.
Les photographies de Liu Shuwei sont comme des paysages mentaux. Il est fortement inspiré par la littérature et le cinéma (notamment Jean Genet et Derek Jarman). Ses personnages, lorsqu’ils apparaissent, sont énigmatiques, qu’ils soient entre amis ou solitaires, et traversent des paysages lunaires ou des intérieurs de maisons hantées par des esprits, comme dans les productions de Wim Wenders. À la manière de ce cinéaste allemand qu’il admire, Liu Shuwei utilise des couleurs vives qu’il anime d’une poésie bien à lui, en recherchant une grande proximité avec les gens qu’il semble aimer profondément.
Ses œuvres ont été exposées à l’international, notamment à la Power Station of Art (Shanghai, Chine), Artefiera Bologna (Italie), Three Shadows Photography Art Centre (Pékin et Xiamen, Chine), Vu Photo (Québec City, Canada). Liu Shuwei est finaliste des LensCulture Portrait Awards 2016, et fait partie des « Ones to Watch » du British Journal of Photography 2019. Son travail a été présenté dans le New York Times, i-D, Artforum, Der Greif magazine, etc.
Il est également régulièrement publié dans des magazines de mode (Vogue, Modern Weekly, T magazine…) et a collaboré avec des marques internationales (Prada, Bottega Veneta) et des créateurs locaux (Momo Wang, Chaotic, Pure Idealism).
Festival PhotoSaintGermain
Chaque année, au mois de novembre, PhotoSaintGermain réunit une sélection de musées, centres culturels, galeries et librairies autour d’un parcours photographique riche et éclectique – une programmation proposée à la fois par les galeries et institutions associées et par l’équipe du festival, à travers des expositions inédites. Toutes ces manifestations sont autant de rendez-vous qui abordent les grandes tendances de la photographie contemporaine et questionnent ses dispositifs de valorisation et de diffusion.
Le festival s’ancre dans une géographie particulière, riche en histoire et en culture, celle du quartier de Saint-Germain-des-Prés logé dans le 6e arrondissement de Paris, et cherche à rassembler et associer l’ensemble des acteurs qui constituent cette géographie.
Créé en 2010, le festival est dirigé depuis 2015 par Aurélia Marcadier, historienne de l’art qui a travaillé six ans au sein d’une galerie-maison d’édition et qui a fondé TEMPLE en 2013, structure dédiée à la photographie émergente et à l’édition. Elle est assistée depuis plusieurs années de Justine Lacombe et de Laura Martin. Le conseil d’administration est composé de professionnels de l’image, dont Marie Robert, conservatrice en chef du musée d’Orsay, Photographie et Cinéma, et Victoria Jonathan, co-fondatrice et co-directrice de l’agence Doors. En plus de l’exposition de Liu Shuwei, Victoria Jonathan assure régulièrement le commissariat d’expositions du festival, comme celle de Feng Li en 2021.